« la promesse du visage » de Alexej von Jawlensky (article et vidéo)
- Eric Valenne
- 1 nov.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 4 jours
Après sa grande rénovation qui fêtait ses 20 ans, la « Piscine » s’offrait de passionnants évènements et proposait notamment la magnifique expo « la promesse du visage » de Alexej von Jawlensky
(vidéo)
Si l'expo est terminée, revivez-là sur youtube en cliquant sur
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Par éric valenne
Le visage comme une énigme…
Né en Russie en 1864 (mort en 1941) et compagnon de route à Munich de Kandinsky au début du siècle passé, Alexej von Jawlensky (qui quittera la Russie au début de la première guerre mondiale), passera quasiment toute son existence en Allemagne. Touchant initialement à l’Impressionnisme, il se passionnera pour les défis d’avant garde. Il créera la “Nouvelle Association” puis exposera avec le Blaue Reiter avant d'évoluer rapidement entre Expressionisme et Fauvisme, figuration et abstraction, s’offrant une modernité intemporelle.
Après moult recherches, il privilégiera le visage. Le visage comme un paysage, le visage comme une nature morte, le visage comme un défi à explorer ou un mystère à ne pouvoir percer. Déjà à ses débuts, il a exploré ce sujet qui le hantera toute sa vie. Dans sa première période – Têtes d’avant-guerre – , les visages étaient relativement individualisés et avaient déjà une puissance chromatique impressionnante. En 1914, la guerre contraint Jawlensky à se réfugier en Suisse. Il commença alors à faire appel à une démarche qu’il appliquera désormais exclusivement : la série. La première, "Variations", s’inspire d’un paysage vu à travers la fenêtre. La toile "le Chemin" (1914) emprunte à l’abstraction ses couleurs arbitraires, son refus d’un espace illusionniste tout en gardant encore les traces du sujet initial.
À partir de 1917, pendant vingt ans, Jawlensky traitera presque exclusivement du visage. Le visage ou plutôt la Face, car avec les "Têtes mystiques" et "Faces du Sauveur" (1917/1923), puis les "Têtes géométriques" (1924/1933) et les "Méditations" (1933/1937), le visage ou la figure s’éloignera progressivement de toute ressemblance “naturelle” pour aboutir à une forme stylisée, proche de l’icône. L’omniprésence de ce sujet, familier et mystérieux à la fois, s’explique par la volonté de donner à la peinture une dimension religieuse. « Après avoir peint ces variations pendant quelques années, j’éprouvais le besoin de trouver une forme pour le visage, car j’avais compris que la grande peinture n’était possible qu’en ayant un sentiment religieux », affirmait Jawlensky. Successivement, le visage s’agrandit jusqu’à occuper la quasi-totalité de la surface du tableau. Dans sa démarche, le processus de géométrisation est mené à son terme et le choix limité des couleurs accentue le jeu combinatoire des formes. Par contre, avec la dernière série, "Méditations", le peintre, souffrant d’arthrite, parfois obligé d’attacher le pinceau à ses poignets, va adapter un traitement gestuel qui brouille les traits. De taille réduite, ses dernières œuvres où le visage se transforme progressivement à l’intersection de la ligne des sourcils et de celle du nez en forme de... croix va voir se dégager une expressivité bouleversante.
La singularité de Jawlensky dans l’art du XXe siècle consiste en l’invention d’une forme étonnante, celle du visage abstrait.
Commissariat scientifique Itzhak Golderg
Commissariat général Bruno Gaudichon
Scénographie Cédric Guerlus
Catalogue publié à l’occasion de l’exposition aux éditions Gallimard (29€)
Coproduite avec la Fondation Mapfre à Madrid et le Musée Cantini à Marseille, cette exposition a reçu le soutien de la Région Hauts-de-France et de la Métropole Européenne de Lille.
Elle bénéficie d’un mécénat exceptionnel du CIC Nord Ouest, fidèle partenaire du musée La Piscine.

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